Première mission

Viser des points essentiels d’amélioration de la productivité avec une conception pédagogique adaptée au plus grand nombre plutôt qu’aborder le sujet par des termes inhabituels au langage des paysans.

L’agroécologie est un science agronomique et écologique inconnue pour l’ensemble des agriculteurs afghans. Tout en restant cohérent avec ses fondamentaux, cette conception de l’agriculture peut leur être présentée comme la recherche d’une amélioration de la fertilité des sols et de la productivité, économe en eau, en tenant compte des pratiques agricoles afghanes.

NOUVELLES PRATIQUES AGRICOLES
• utilisation de nouveaux outils adaptés à un travail du sol vertical (décompactage de la terre sans mélanger les différentes couches, à l’aide d’aéro-bêche),
• recherche de couverture permanente des sols pour développer une vie organique et une diminution de l’évapotranspiration,
• pratique de planches permanentes ; le sol n’est pas systématiquement retravaillé après chaque culture,
• utilisation d’engrais verts diversifiés : sortir du trèfle blanc ou de la luzerne vers des prairies, type 12 plantes, avec recherche de plantes mellifères qui favoriseront la pollinisation,
• fabrication et utilisation de compost à base des matières disponibles localement (herbes, fumiers divers, déchets ménagers, etc.),
• implantation d’une haie avec des essences arbustives et pérennes locales ; choix est fait d’implanter ces arbres au nord-ouest de chaque parcelle dans un premier temps :

– arrière mécanique : elle a un effet brise-vent contre les vents dominants, peut aussi limiter l’impact du froid, les nuages de poussières,
– lutte biologique de conservation : l’installation d’une bio-diversité végétale permet d’abriter un certain nombre d’insectes, d’oiseaux et autres prédateurs,
– production annexe de fourrage (arbres fourragers: frêne) et de fruits (mûrier, amandier, figuier, pistachier, pommier),
– développer des groupes d’échanges avec des groupes de maraîchers locaux.

Un suivi à distance, par mail et Skype, permanent entre Ahmad, responsable afghan en charge de l’application de ces expérimentations, et Thierry, accompagne la démarche.  Suite lors de la prochaine mission prévue en automne 2017… Cette mission a été annulée suite à l’arrêt des missions ONG à la demande de l’Ambassade de France.

Deuxième mission

Kaboul, capitale de l’Afghanistan, est située sur un plateau à 1800 m d’altitude, sur les contreforts des montagnes mythiques de l’Hindu Kush, traversé par l’antique « Route de la soie ».

Estimée à 600 000 habitants en 1978, la plus grande ville du pays a connu un afflux de population venue se mettre à l’abri des combats opposant les modjaheddins aux troupes du gouvernement communiste et aux forces soviétiques puis plus récemment opposant des milices taliban aux forces gouvernementales.
Kaboul compte, actuellement, 3 550 000 habitants vivant dans des conditions précaires et parfois insalubres, bien souvent sans eau courante ni électricité. La nécessité de développer une production alimentaire en quantité suffisante, accessible au plus grand nombre, est urgente.

Après des visites de fermes françaises en permaculture et agrobiologie, Hamed AKRAM, gouverneur de Kaboul et Edriss RAOUF, directeur de projets agricoles au sein du Ministère de l’agriculture Afghan, ont souhaité expérimenter l’agroécologie sur des parcelles de 1 à 5 jéribs (0,2 ha à 1 ha) sur des fermes d’état en lien avec des petits paysans locaux. Ils bénéficient du soutien de l’Agence Française de Développement de Kaboul.
L’objectif est de développer des cultures vivrières, créer des emplois, accroître la biodiversité et permettre une économie et une autonomie des petits paysans pour ne plus utiliser des intrants chimiques.

Des membres experts agronomes du réseau, Pierre-François Prêt et Thierry Dubuisson sont intervenus en mission d’identification en novembre 2016 pour la mise en place de parcelles en agroécologie, principalement en production maraîchère, dans la province de Kaboul, en lien avec des paysans locaux. Ces expérimentations ont commencé sur les terres des fermes d’État et sur un jardin urbain chez un particulier, grâce à la motivation de nombreux acteurs locaux .
Un programme sur trois ans devrait permettre le développement d’une agriculture paysanne autonome et durable.