Objectifs de la première mission d’identification
ont amenés vers un premier constat de situation
Un projet agricole en agroécologie à Dambancane adapté au climat, vers une autonomie alimentaire du territoire en développant l’emploi des jeunes.
Le samedi matin, après une présentation individuelle libre, projets et attentes de l’agroécologie, chaque participant a évoqué la situation locale, à Dembancane. Cette ville sénégalaise de 8000 habitants se situe au bord du fleuve Sénégal. Les participants ont fait plusieurs constats de la situation :
– Il y a une augmentation des périodes de sécheresse et les saisons des pluies sont de plus en plus courtes.
– Les cultures maraîchères (haricots/mais associés, patates douces, niébés, aubergines africaines, carottes, tomates, etc.) sont principalement tenues par les femmes, se font sur les terres libérées par les crues et devenues fertiles ( appelées « folo»).
La proximités du fleuve permet un arrosage facile par « projection ». Les terrains en dehors (entre 2 et 10 kms) de cette zone ne sont plus exploités et sont en général en jachère. « La gestion des cultures se faisaient en partenariat avec les Peuls. Ils faisaient paître leurs troupeaux et leurs matières animales enrichissaient la terre. L’instauration de la frontière et la récurrence des sécheresses entraînant une poussée d!herbe de plus en plus limitée ont mis à mal cette relation entre éleveurs et agriculteurs.
Depuis une cinquantaine d’années, les paysages changent. La forêt (comprenant une faune et une flore riches) a reculé. Alors qu’elle entourait initialement Dembancane, elle se situe maintenant à 50 kms et constituée aujourd’hui d’’îlots de bosquets éloignés les uns des autres. Les poissons du fleuve Sénégal se font également de plus en plus rares. Les barrages en amont sont aussi considérés comme responsables de crues trop violentes (érosions des berges et donc diminution de zones de folos).
Les membres de l’association souhaitent susciter un intérêt, une attractivité des jeunes pour l’agriculture en proposant des moyens et des techniques qui facilitent le travail du sol Il n’existe pas, actuellement, de centre de formation en agriculture. C’est un des projets envisagé par l!association NIAAKI KA.
Les demandes des membres de l’association Niaaki Ka
– Développer une approche écosystémique de la nature qui relie les humains, la biodiversité et les sols
Les aliments produits génèrent des déchets qui sont réintroduits dans le cycle de vie par le compostage. Les matériaux traditionnels utilisés pour l’habitat, les effluents d’assainissement et les matières humaines en sont parties prenantes. La cohésion de l’ensemble du vivant est la condition de sa pérennité. C’est dans cet esprit que Dominique et Thierry ont préparé la formation à Rouen.
Ce sont sur ces bases qu’ils envisagent avec l!aval des membres de l’association Niaaki Ka la prochaine mission qui se déroulera à Dembancane, ville du Sénégal située sur le bord du fleuve du même nom, en juillet prochain.
– Engager l’agroécologie et la relier avec les savoirs et pratiques traditionnelles pour créer une nouvelle dynamique sociale et entrepreneuriale à l’échelon du territoire
En parallèle, les praticiens de RAESF partiront sur place en mission à Dembancane, au Sénégal, en présence de membres de l’association rouennaise pour identifier les besoins, former et engager des pratiques en agroécologie par l’adoption de nouvelles pratiques viables. Il s’agit de valoriser, transférer et coupler ces nouvelles connaissances avec des savoirs traditionnels locaux, dans un esprit de co-construction.
Notre venue à Dembancane – juillet 2022
La rencontre avec les acteurs
Notre prestation sur le terrain s’est déroulée du lundi 4 juillet au Lundi 11 juillet inclus.
Comme prévu, nous avons rencontré les notables du village de Dembancane: maire, adjoints, le chef du village, responsables ou présidents de commissions (agriculture, environnement) ainsi que toutes les personnes considérées comme personnes ressources (représentante des femmes pour les jardins, agriculteurs engagés dans des productions maraîchères, arboricoles, élevage, cultures vivrières telles que le mil, l’arachide, le maïs, sorgho, niébé).
Il était prévu aussi de rencontrer des jeunes. Nous les avons vus lorsque leurs aînés les ont sollicités pour participer aux travaux ou pour faire visiter les terres.
Le déroulé des activités de la mission
Visites de fermes et jardins. Nous avons remarqué chez certains paysans la présence d’un petit troupeau de chèvres et moutons.
Le calendrier de cultures parait être basé sur deux périodes annuelles :
1. La saison d’hivernage
– La première partie de la saison de fin juin à septembre, avec la production de grandes cultures (mil, arachides)
– La deuxième partie, de septembre à janvier, avec la production maïs et de légumes.
2.La saison sèche de février à fin juin
Certaines productions légumières et alimentaires se maintiennent pendant cette saison chaude comme l’aubergine, le gombo, le Bissap.
Nous avons pu remarquer la plantation de jeunes arbres fruitiers entre les parcelles maraîchères, pratique apparemment récente. Nous avons visité le verger d’El Hadj, un oasis dans cette zone. Ce verger n’a pas été initialement créé avec une vocation économique, plutôt par passion.
La plantation de bananiers a fini par initier une petite activité économique.
Ce verger-forêt est relativement dense et mériterait qu’il soit éclaircit pour développer une plus-value.
D’un point de vu de l’écosystème, il est particulièrement intéressant par les effets induits (fraicheur, développement d’un humus sous les arbres, biodiversité) et démontre que cette passion pour les arbres a permis en 7-8 ans la réalisation d’un verger luxuriant en milieu tropical.
La visite chez un autre producteur-pépiniériste à Gandé, le lundi 11 juillet, plus structurée techniquement et économiquement le confirme.
La proximité du fleuve amène les paysans à s’intéresser à la pisciculture mais les essais n’ont pas été pour le moment très concluant.
L’utilisation de l’eau
Nous avons constaté que les pompes thermiques tombaient en panne assez souvent. Le coût du carburant, la maîtrise difficile de l’arrosage par immersion sont autant de freins à la performance de l’irrigation.
L’élevage
La présence d’un petit troupeau de chèvres et moutons dans la plupart des fermes est un bon atout pour l’agroécologie. Il permet la production et l’utilisation de fumier en compost.
Les préconisations
1. Évaluer les besoins de la population ( besoins alimentaires, création d’emplois, financiers pour la réalisation du projet)
La visite du marché, sous la halle de Dembancane est particulièrement intéressante. Ce marché quotidien révèle la faible présence des produits locaux sauf pour la partie pisciculture. Les fruits et légumes viennent de régions périphériques, voire d’importation.
Il n’y a pas de produits issus de l’agroécologie en vente sur le marché.
Les fruits et légumes produits sur Dembancane sont autoconsommés, vendus sur le marché par une épouse d’un producteur local ou vendus directement aux champs.
2. Expérimenter ensemble pour s’approprier individuellement
Les producteurs et productrices rencontrées à la réunion et lors des visites sont très intéressés par un accompagnement à l’agroécologie, notamment à travers les parcelles de références. Ils sont demandeurs de conseils et sont intéressés par les résultats qui seront obtenus sur la parcelle de références.
3. Étudier la réalisation dans sa globalité, trouver les moyens d’y arriver
Nous proposons différentes phases de réalisation :
– La mise en place de parcelles de références
– Déléguer à un ou plusieurs responsables la conduite des travaux, en y intéressant les jeunes
– Fourniture d’une feuille de route sur les travaux à effectuer dans la parcelle de référence avec un calendrier mensuel de travaux et différents documents la complètent.
4. Trouver les relais locaux et paysans responsables et indispensables et mettre en place des partenariats
– Créer un comité de suivi englobant des membres de Niaaki Ka et les personnes ressources locales rencontrées, des représentants des organisations, des femmes, notamment des jeunes
– Un centre piscicole est en projet dans un village à proximité. Échanger avec ses responsables pourrait s’envisager pour favoriser le développement de la pisciculture à Dembancane.
Par Thierry Dubuisson
Membre du RAESF
Suite à la formation en agroécologie avec l’Association NIAAKI KA à Rouen