Action menée à Bémahatazana

CONTEXTE GÉNÉRAL

Dès 2010, l’évêque de Tsiroanomandidy a confié aux Sœurs de N.D. de la Salette la réalisation du projet du Collège/Lycée St Paul. Des demandes de plus en plus pressantes des familles de Bémahatazana s’exprimaient sur l’intérêt d’un tel collège/lycée. À ce jour, fin 2016, 1150 élèves sont inscrits à cet établissement. Les parents cherchent, d’après les Sœurs, une meilleure éducation pour leurs enfants, pour la génération future, pour leur avenir et pour participer au redressement du pays.

CONTEXTE PARTICULIER

Sœur Marie- Victoire, responsable de la Communauté, porte à bout de bras la réalisation de ce projet. Elle est convaincue que l’éducation des jeunes doit passer aussi par la protection de l’environnement. Le respect de la nature, le reboisement, des pratiques agricoles sans produits chimiques. Ces derniers endettent les paysans et produisent des denrées alimentaires dangereuses pour la santé du sol, des animaux, des plantes et de ceux qui les consomment.

Elle pense aussi qu’une agriculture vivrière écologique et productive permettrait à la population de devenir autonome. Cette agriculture avec beaucoup moins d’endettement que l’agriculture prônée par les marchands d’engrais devrait donner envie à certains jeunes de cultiver la terre et ainsi, de rester au pays.

Sœur Marie Victoire s’est donc tournée vers l’agroécologie. En partenariat avec une association Grenobloise, Le petit Baobab 38, elle a fait une demande d’appui agroécologique au Réseau des Agroécologistes Sans Frontière.

Caractéristiques de la mission

Du 23 octobre au 05 novembre 2016, nous, Didier Meunier et Dominique Brunet, sommes allés sur place pour une première mission de sensibilisation et d’évaluation.

Nous avions, au préalable, rencontré Sœur Marie Victoire, en France. Ce contact nous avait permis de dégager plusieurs dimensions de travail :
• sensibilisation des élèves et de leurs professeurs à l’agroécologie ;
• accompagnement de plusieurs paysans intéressés par la démarche ;
• réflexion et établissement d’une feuille de route pour cultiver les 10ha de terrain du Collège en ferme agroécologique.

LA MISSION

Au cours de notre séjour de travail, nous avons pu parler de l’agroécologie et de ses différentes dimensions (reboisement, arrêt des feux de brousse, respect de la nature, agroforesterie…) à l’ensemble des classes scolaires et de leurs professeurs.

Nous y avons ajouté un aspect pratique en commençant un jardin scolaire avec chaque classe. Nous avons travaillé avec les professeurs pour que ceux-ci puissent continuer l’activité jardinage. Des plantations d’arbres fruitiers et d’ornements ont aussi eu lieu tout autour du collège. 

Par ailleurs, des paysannes et paysans nous ont demandé un appui en fabrication de compost et préparations naturelles. Nous les avons aussi accompagnés dans leurs champs pour des échanges de pratiques culturales.

Les 10 ha de la ferme du Collège ont fait l’objet d’une feuille de route détaillée qui devrait permettre de commencer, dès que la saison des pluies sera là, la culture d’une partie de ces 10 ha. Cette ferme doit devenir productive. Elle pourrait donc devenir une ferme de vulgarisation de l’agroécologie dans toutes ses dimensions : maraîchage, céréales, élevage, reforestation, haies vives de protection, etc… et ce, pour tous les paysans de la région.

Enfin, nous avons proposé un aménagement agroécologique de la petite ferme jouxtant les bâtiments de la Communauté des Sœurs et appartenant à ces dernières.

 

EN GUISE DE CONCLUSION

Cette missiona été tout à fait intéressante et passionnante. En effet, elle nous a permis de rencontrer la plupart des acteurs locaux, tant étatiques que religieux.

Par ailleurs, de très nombreuses personnes sont venues aux réunions d’informations que nous avons tenu. Sur le terrain, élèves, enseignants et agriculteurs se sont montrés attentifs et participatifs.

Nous devons, prochainement, rencontrer la Présidente de l’association qui a soutenu financièrement ce projet agricole pour faire un bilan chiffré et réfléchir à la suite.

Une seconde mission de renforcement des acquis de la première devra être envisagée. Elle permettra de montrer notre intérêt sur le développement de l’agroécologie dans cette région de Madagascar. Mais aussi de rectifier, améliorer ou conforter les travaux qui auront été réalisés au cours des mois passés.

Action menée à Bémahatazana, Madagascar, du 23/10/2016 au 05/11/2016 par Dominique BRUNET et Didier MEUNIER.

Deuxième mission

INTRODUCTION

Cette 2ème mission, effectuée de nouveau par Didier Meunier et Dominique Brunet avait pour but d’aider et d’accompagner le démarrage de la ferme agroécologique.

Pour rappel, la 1ère mission, en 2016, avait permis de faire un état des lieux initial. Egalement de sensibiliser la population et les écoles aux pratiques du reboisement et de l’agroécologie. Nous avons aussi travaillé à jeter les bases d’une ferme productive en denrées alimentaires destinées aux cantines scolaires. Elle doit aussi être une ferme agroécologique, servant pour des formations et de terrain d’expérimentation et de vulgarisations de pratiques agricoles en adéquation avec les besoins et les capacités locales.

CONTEXTE GÉNÉRAL

D’une durée de 18 jours, cette seconde mission doit nous permettre de focaliser les énergies sur les paramètres indispensables au démarrage d’une ferme. Sœur Marie Victoire, initiatrice du projet, nous a mis en relation avec le Docteur Tina, médecin de Bémahatazana et passionné par les arbres et l’agroforesterie. Il a accepté de devenir le pilier, sur place, de ce gros projet agricole et environnemental.

Au cours de ces 15 jours, nous avons beaucoup travaillé avec lui. Sœur Marie Victoire sera aussi présente mais pas dans le quotidien dans la mesure où elle a d’autres responsabilités et aussi par ce que cette ferme doit s’adresser à l’ensemble de la population et sortir du cadre œcuménique.

DÉROULEMENT DE LA MISSION

Un des aspects importants a été de prendre des contacts avec des personnes et des organismes qui pourraient participer d’une façon ou d’une autre et ainsi permettre une plus grande reconnaissance de ce projet. C’est ainsi que nous avons rencontré à Antananarivo le Directeur National des Maisons Familiales Rurales ; à Antsirabé : le CEFFEL (organisme d’expérimentation et de vulgarisations en fruits et légumes) ; à Tsiroanomandidy : l’APDIP (organisme de développement agricole). Nous avons aussi rencontré le responsable de la Maison Familiale Rurale d’Ambararatabé et, bien sûr, les personnalité locales (Mr le Maire et son adjoint ; ainsi que le représentant de l’État).

Une deuxième partie de notre séjour a été consacré à mettre en place, avec le Dr Tina, un cadre général pour le couple de salariés recrutés. Un plan de travail, genre feuille de route détaillée, a été écrite pour les 6 prochains mois. On s’est attelés à la rédaction d’un contrat de travail liant l’association « Le petit Baobab 38 » à Solo et Jeannette, les salariés. Avec le Dr Tina, nous avons bâti un budget prévisionnel et mis en place les outils nécessaires à une gestion saine.

La troisième partie a consisté à établir une cartographie des 2 parcelles mises à disposition de la ferme, faire l’état des lieux visuels des points forts et des points faibles, de prioriser les travaux dans leur démarrage et de chercher le meilleur emplacement pour la construction des bâtiments d’habitation et de la ferme.

Dans la quatrième et dernière partie de notre séjour, nous avons participé à la « Fondation ». Cérémonie et moment important au cours duquel la population participe au creusement des fondations de la maison d’habitation. Nous avons fait équipe avec Dr Tina, Solo et Jeannette pour pailler des arbres déjà en place, nettoyer la source du bas-fond, mettre en place une pépinière et différents travaux participants au démarrage de la ferme.

EN GUISE DE CONCLUSION

Ce 2ème séjour nous a permis d’accompagner et d’organiser le démarrage de la ferme. Le point le plus délicat, tout de même, c’est que beaucoup de choses reposent sur les épaules du Dr Tina. Même s’il est passionné comme il le dit par l’agroforesterie, il est avant tout médecin de Bémahatazana. Un autre point que nous ne maîtrisons pas, c’est la façon dont les 2 salariés, recrutés par Dr Tina, vont prendre en main les travaux indispensables de la ferme.

Mission menée par Didier Meunier et Dominique Brunet à Madagascar- Bémahatazana du 26/09 au 13/10 /2017.

Troisième mission

APDIPINTRODUCTION

Pour celles et ceux qui suivent le projet de mise en place d’un centre de formation à l’agroécologie à Bémahatazana, ce séjour était le troisième. Les deux premiers ont été effectués à deux personnes, Dominique BRUNET et moi-même, Didier MEUNIER. Cette fois-ci, pour limiter les frais mais aussi, pour aborder des thèmes qui me sont plus personnels, j’y suis allé seul. Dominique devrait y aller seul à son tour vers la fin de l’année pour travailler sur la partie animale entre-autre.

CONTEXTE GÉNÉRAL

Ce séjour intervient pour la première fois, à la sortie de la saison humide. Il doit permettre de faire l’état des lieux des cultures et des constructions. Les deux premiers séjours ont servi à faire l’état des lieux, rencontrer les partenaires éventuels, tisser des liens et jeter les premières bases de mise en place de la ferme agroécologique qui devrait à l’avenir, devenir centre de formation. Cette fois-ci, la ferme est en partie en place, les activités ont commencé, les salariés recrutés et les constructions ont débuté. Le docteur Tina, coordonnateur du programme sur place, attend avec impatience mon arrivée.

DÉROULEMENT DE LA MISSION

Suite à des échanges téléphoniques avec le Dr Tina, je savais avant d’arriver, que j’aurais quelques petits problèmes à régler. Notamment avec les salariés. En effet, nous avons eu quelques difficultés avec le couple.

L’homme a subit une mise à pied en janvier de la part du docteur. Sa femme est venue le supplier de réintégrer son mari. Depuis, ce n’est pas brillant mais après plusieurs rencontres avec eux, monsieur s’engage, après avoir compris qu’il pourrait continuer ses activités sur la ferme à la fin de son premier contrat, à reprendre le travail pour lequel il est rémunéré.

Pendant ce temps là, un certain nombre des travaux prévus sur la feuille de route que nous avions laissé avec Dominique en novembre dernier, n’ont pas été réalisés. Il s’agit par exemple comme la mise en place des micro-barrages sur la rigole centrale de la grande parcelle, de clôtures pour protéger les cultures, etc.

Au cours de ce séjour, il y eu aussi la finition des bâtiments en place (maison d’habitation, stockage, sanitaires, bergerie, poulailler). Les enduits extérieurs n’étaient pas fait et d’autres petits détails méritaient que l’on fasse un point pour les améliorer. Ce fût fait au cours de mon séjour ou juste après.

Par ailleurs, j’ai réalisé une formation courte sur la production de semences des plantes potagères. En fait il s’agissait plus d’une initiation. La douzaine de personnes présentes ont été fort intéressées et ont posé beaucoup de questions. Nous avons utilisé le jardin de Solo et Jeannette pour travailler sur les espèces présentes. Un membre de l’APDIP était présent, ce qui est de bon augure pour avoir un partenaire local.

J’ai montré de nouveau à Solo comment s’y prendre pour réaliser les demi-lunes car celles en place n’étaient pas de niveau et par conséquent inefficaces. Il s’agit maintenant de les refaire correctement pour que les arbres puissent être plantés au cours de la prochaine saison des pluies. Dominique doit aller sur place à ce moment là pour lancer les plantations.

Nous avons travaillé sur la mise en place des clôtures de protection des cultures pour éviter que les animaux de passage ne les détruisent. Les délimitations ont été matérialisées mais les clôtures restaient à faire.

Avec le Dr Tina, j’ai rencontré le Maire de Bémahatazana et le Président du conseil municipal. Après avoir expliqué l’avancée des travaux et les envies de partager avec le plus grand nombre possible d’habitants de la commune, le Maire a saisi l’occasion pour proposer la grande salle de la mairie pour faire les formations. Je l’ai remercié et lui ai dit que Dominique donnerait une formation sur l’élevage à la fin de l’année.

J’ai aussi relancé la conversation sur la possibilité d’échanger avec leurs partenaires français de Saint Méen-Montauban. Ils m’ont dit tous deux en parler et nous tenir informé.

Une longue entrevue a eu lieu avec sœur Marie-Victoire afin d’échanger sur la situation et sur les perspectives. Nous avons abordé les clauses d’un bail qui pourrait se mettre en place cette année afin de formaliser l’utilisation des terres qui appartiennent à la communauté religieuse.

POUR CONCLURE

Ce séjour n’a pas été simple sur le plan des rapports humains avec Solo mais il semblerait qu’il ait envie de se mettre au travail. De bons échanges ont eu lieu avec le maire et le président du conseil municipal. Ce dernier se dit prêt à épauler le docteur si besoin. Nous sommes toujours en lien avec l’APDIP, en attendant un partenariat si nécessaire. Les premiers animaux vont être achetés prochainement ainsi, l’équilibre agroécologique va se mettre en place. Une nouvelle feuille de route a été rédigée pour préciser les orientations et les travaux à réaliser avant le retour des pluies et celui de Dominique dans quelques mois.

Didier Meunier, Bémahatazana (Madagascar) du 17 au 29 avril 2018.

Quatrième mission

ApdipINTRODUCTION

Depuis 4 ans maintenant, le Réseau des AgroEcologistes Sans Frontière intervient à Madagascar à la demande de l’association Le Petit Baobab 38, située à Grenoble. 

CONTEXTE GÉNÉRAL

Le Petit Baobab intervenait déjà auparavant dans ce village du Bongolava, village de Bemahatazana, dans les domaines de la santé et de l’éducation. Une réflexion associant Le Petit Baobab et des partenaires de Bemahatazana débouche sur  l’idée qu’une alimentation suffisante, équilibrée et riche en vitamines est essentielle pour ensuite aborder sereinement les domaines de la santé et de l’éducation.

Le collège et lycée St Paul possède plusieurs terrains agricoles sur la commune. L’idée prend corps de convertir un terrain de 7 ha en ferme agroécologique pour une production alimentaire à destination de  la cantine du primaire et du collège. C’est à ce moment-là que Le Petit Baobab se tourne vers Les AgroEcologistes Sans Frontières pour un accompagnement de longue durée pour amener la ferme à être vraiment productive. En l’espace de 4 ans, des évolutions ont vu le jour. Le terrain a été acheté par Le Petit Baobab .

La ferme est devenue totalement indépendante de la Communauté. L’idée première d’alimenter les cantines de St Paul s’est élargi à l’ensemble des cantines de Bemahatazana. 
À l’heure qu’il est, cet objectif n’est pas encore atteint. L’objectif prioritaire de cette ferme, à travers une production de céréales, de légumes, de légumineuses et de fruits est d’arriver à une certaine autonomie de financement.

Vient ensuite l’idée forte, à travers un projet ambitieux d’agroforesterie, d’être un lieu de démonstration de lutte contre l’érosion grâce au reboisement, haies végétales et plantation d’arbres en plein champ.

DÉROULEMENT DE LA MISSION

Cette année, une mission de 15 jours a eu lieu du 24 octobre au 08 novembre 2019.
Dominique Brunet, des AgroEcologistes a ainsi travaillé, avec l’aide du Dr Tinia, responsable sur place de la gestion et du fonctionnement de la ferme, à faire un bilan, d’un point de vue technique et financier.
Novembre, au Bongolava, est synonyme de début de saison des pluies. Les labours et cultures commencent à ce moment-là. C’est la raison pour laquelle ce déplacement à cette période permet de faire un bilan des activités de l’année écoulée et de se projeter vers l’année suivante à travers un programme et un budget prévisionnel.

L’année 2019 a été plutôt bien réussie dans le domaine des plantations d’arbres et de l’agroforesterie.
Nous avons initié la technique des demi-lunes qui permet de reconquérir une fertilité sur des sols incultes, latéritiques et brûlés par le soleil. Tout ceci est en bonne voie. Un verger est en train de sortir de terre à partir de ces demi-lunes.

Les cultures de céréales (maïs, riz pluvial), de légumineuses (soja, haricot, arachide) et de tubercules (manioc, patate douce) ont été menées avec plus de difficultés. L’enherbement, dû à un manque de main d’œuvre et d’organisation, a souvent pris le dessus. Les rendements s’en sont ressentis.
Nous pensons que cette année, avec un accompagnement de l’Apdip (Association des Paysans pour le Développement Inter-Professionnel) situé à Tsiroanomandidy, nous obtiendrons de meilleures récoltes. Et que l’agroécologie servira d’exemple pour tous les paysans de Bemahatazana et des environs qui veulent se passer d’intrants chimiques.

Pour le moment, l’élevage, bien qu’indissociable de l’agroécologie, n’est pas en place sur la ferme. Nous avons eu des expériences difficiles (vols, insécurité et menaces pour le gardien…). Nous réfléchissons à la manière de travailler plus en lien avec des éleveurs du village.

À chaque intervention de la part du Réseau des AgroEcologistes Sans Frontières, une journée est consacrée à une co-formation ouverte, bien sûr, à tous les paysans.
Cette année, Dominique a pris comme thème, avec l’aide des techniciens de l’Apdip et du Dr Tinia, l’intérêt des systèmes agro-sylvo-pastoraux comme systèmes de production. Ils permettent d’allier les pratiques coutumières (pastoralisme) à des pratiques permettant une intensification sur des petites surfaces (association des cultures et de l’agroforesterie).

POUR CONCLURE

Cette journée s’est terminée par la volonté des participants de créer une association locale pour soutenir le développement de la ferme agro écologique : Baobab Bemahatazana.