Diagnostic participatif

Résumé d’un travail fait par Dominique Brunet, membre du Réseau des AgroEcologistes Sans Frontière, au Niger, du  22 avril au 26 avril 2019.

POINT DE DEPART

SOTORE est une association d’éleveurs Peuls, des Woodabés , située à Assokomor, au sud-ouest d’In Gall (palmeraie bien commue pour la qualité de ses palmiers-dattiers).

Son président, Sapo Gado, lors de déplacements a fait la connaissance de Jérôme Delvax, un habitant de Bruxelles qui s’est tourné vers le Réseau pour répondre à sa demande.

CONTEXTE DE LA MISSION

Les peuls Woodabés sont exclusivement des éleveurs, pasteurs qui déplacent leurs troupeaux en fonction de la nourriture existante.

Depuis plusieurs années, ce mode de vie et de culture se trouvent en butte à de nombreuses difficultés : zones pastorales qui se réduisent en fonction des frontières, de l’augmentation de la démographie, de la concurrence avec les cultivateurs ; changement climatique qui affecte la nourriture disponible pour les animaux ; non reconnaissance de leurs zones de pâturages par l’administration ; mode de vie (déplacements) qui n’est plus compris par les jeunes générations …

Des sécheresses récurrentes ont affecté les troupeaux ces dernières années avec une forte mortalité. Dans cette zone, les troupeaux ont diminué de taille d’une façon importante.

DÉROULEMENT DE LA MISSION

Avec Jérôme Delvax et Sapo Gado nous avons effectué un travail préliminaire par échanges téléphoniques et mails pour organiser mon travail.
Nous sommes arrivés à la conclusion que cette première mission devait consister en un travail de diagnostic participatif, c’est à dire en faisant participer au maximum les éleveurs . 

Durant la semaine du 22 au 26 avril, je me suis rendu à Assokomor. Sapo avait bien entendu préparé mon arrivée.
Entre 120 et 150 éleveurs de la zone et habitants d’Assokomor étaient présents, représentant pas moins de 13 villages et campements. Ce sont les chefs de tribus et de villages au nombre de 14 qui ont pris la parole, au nom des éleveurs. La participation a été forte, les paroles intenses.
Ce fut un travail, pour ma part, de grande écoute, de prises de notes.

Le lendemain, avec Sapo Gado, son frère Gari, Jigane, le chauffeur et traducteur et N’djiba Moussa, chef de village d’Assokomor, nous avons repris tout ce qui avait été exprimé par les participants pour une synthèse.
Les points qui sont revenus le plus souvent : l’accès à l’eau pour les animaux, travailler sur des réserves de nourriture, trouver la solution pour que les cantines scolaires (où sont scolarisés leurs enfants) soient approvisionnées en nourriture.
La reconstitution des cheptels n’est pas venue comme une priorité ; cela laisse à penser que la priorité d’aujourd’hui n’est plus à posséder de grands troupeaux, avec toutes les contraintes que cela représente.

PISTES DE TRAVAIL POUR LA SUITE

L’élément majeur qui permet de faire le lien avec toutes ces demandes et observations est la pratique d’une forme d’agriculture et d’élevage, bien en lien avec leurs habitudes d’éleveurs, qui va se définir dans un système agro-sylvo-pastoral et qui va s’articuler autour de l’agroécologie.

Les jours suivants, j’ai été amené à développer cette idée très concrète à travers le maraîchage, les cultures de mil, de sorgho et de maïs, la plantation d’arbres et la production de fruits et une certaine forme d’élevage en lien avec leurs habitudes de transhumance (embouche bovine entre autre, production de fourrages pour la saison sèche…).

EN GUISE DE CONCLUSION

L’agroécologie combine l’agriculture et l’élevage et établit un équilibre entre les deux.
Elle cherche à mettre en place, d’une façon pérenne, des systèmes agro-pastoraux et mieux, des systèmes agro-sylvo-pastoraux qui permettront d’être moins tributaires des événements climatiques.
Il s’agit d’ajuster les troupeaux au niveau des ressources alimentaires sur pied (ce qui n’empêche pas la transhumance) et de pratiquer, en parallèle, un petit élevage de proximité qui permet d’utiliser les ressources locales et les sous-produits des cultures végétales.

Collectivement, nous sommes arrivés à la conclusion (et c’était une des demandes de Sotore au départ) de mettre en place une ferme agroécologique, à la fois de production pour Assokomor, et de vulgarisation pour les éleveurs woodabés et les habitants des villages environnants.

Cette décision demande à mûrir dans sa mise en place et c’est ce que le Réseau des AgroEcologistes Sans Frontière, avec Sotore et les instances locales, va essayer de faire avancer.