Rencontre avec l’AFROBAT & l’APROVAG

Abdoulaye Sarr de Tambacounda au Sénégal, Dominique Brunet et Thierry Dubuisson, tout trois membres de RAESF, ont rencontré différentes organisations paysannes intéressées par les compétences du réseau en agroécologie.

L’AFROBAT (l’Association de Femmes Productrices de Bananes de Tambacounda) et l’APROVAG (Association des producteurs de bananes de la région de la vallée de Gambie – voir l’article dédié) souhaiteraient bénéficier de formations. Une rencontre a lieu avec ces organisations qui ont, non seulement un impact en terme économique, mais aussi social et écologique.

CONTEXTE

Le bureau de l’APROVAG nous a fait part de ses difficultés à se faire certifier et à avoir une reconnaissance des pratiques bios. Les bananes leurs sont achetées sur le champ du producteurs à 200/210 CFA/kg (soit O,30 /kg) et sont vendues chez le particulier à 600 CFA (0,90 /kg). Il n’y a pas de différence de prix entre les bananes qu’elles soient bio ou non. Par ailleurs, les producteurs sont dépendants du fait qu’ils ne maitrisent pas le transport ni la conservation, ils n’ont pas de chambre froide.

RENCONTRE

Après avoir parcouru 60 kilomètres de piste de brousse, au sud de Tambacounda, nous rencontrons Marguerite Thiaw, la présidente de l’AFPROVAT. Cette association réunit plus de 800 femmes sur une vingtaine de villages. Une partie de ces productrices cultivent en bio mais rencontrent des difficultés techniques.

Marguerite Thiaw nous présente ses produits, qu’elle a créés, comme la farine de banane, pour pallier au manque de lait maternel. Elle a inventé aussi une recette de savon à base de peaux de banane pilées, auxquelles elle a ajouté de l’huile de palme et des feuilles d’une plante médicinale. Avec les autres femmes, chaque semaine elle fabrique ces produits qu’elles font d’abord sécher avant de préparer le produit final. Marguerite Thiaw anime aussi des ateliers de transformation des bananes au Sénégal et dans des pays proches.
Elle nous explique qu’elle embauche également des jeunes femmes qui se sont retrouvées à la rue après avoir subi des violences.
Ensuite, elle vend ses produits dans son magasin à la ferme. Ils sont arrivés dans cette région avec son mari, dans les années 70 après avoir dû quitter leur terre natale après de graves sécheresses, elles étaient devenues désertiques. À cette époque, la région était peuplée de lions et de phacochères (cochons sauvages), et ce nouvel eldorado était isolé et inhabité. Maintenant ce sont des milliers de personnes, agriculteurs, qui y travaillent.


L’objectif pour l’AFROBAT est de développer une agroécologie qui permette à toutes les femmes de développer des moyens de production bons pour la santé humaine et la biodiversité mais qui permette aussi de développer des compétences et une économie des intrants.

Une partie des producteurs de l’APROVAG cultivent en agroécologie. Ils sont demandeurs de formation pour compléter leurs savoirs-faire et permettre une approche plus complète de l’agroécologie dans leurs pratiques paysannes.

Abdoulaye Sarr, Dominique Brunet et Thierry Dubuisson